7 juin 1954 : Mort du génie méconnu Alan Turing

Le 7 juin 1954 on retrouve Alan Turing mort chez lui avec une pomme croquée sur sa table de nuit. On conclu à un suicide par empoisonnement au cyanure. Il n’en faudra pas plus pour que la légende du personnage soit associée la fin de Blanche neige, le film qu’Alan adorait, ou au logo de Apple.

Pour une fois pas d’audio mais juste quelques photos et phrases pour évoquer la mémoire de ce héro méconnu, que j’admire.
Trahi par son pays qu’il a contribué à sauver des griffes nazies, ce génie iconoclaste et visionnaire n’a pas eu la chance de son vivant, que l’on reconnaisse ses mérites.

Alan nait en 1912 et vit une enfance heureuse mais introvertie et solitaire. Très vite ses professeurs identifient ses talents pour la science et les mathématiques mais le jeune Alan est souvent la tête de turc de ses petits camarades.

Il découvre les travaux d’Einstein en 1928 et se lie d’amitié avec Christopher Morcom, un étudiant passionné comme lui de science et de mathématique qu’il décrira comme « son premier amour ». Malheureusement Christopher mourra de tuberculose en février 1930 et Alan passera le reste de sa vie à incarner le destin scientifique qu’aurait du avoir son ami.

Il entre au King Collège en 1931, résout en 1936 le principe de la décision et publie régulièrement des textes parlant de machines « pensantes » capables de réaliser des actions ou des calculs, posant ainsi les bases de l’informatique moderne.

Il part ensuite quelques années aux USA, à l’université de Princeton et se passionne pour la cryptanalyse, puis revient à Cambridge en 1939 ou il donne des conférences sur la notion de machine universelle capable de d’accomplir des tâches de n’importe quelle autre machine.

La seconde guerre mondiale éclate, les allemands envahissent rapidement toute l’europe et mettent en péril l’approvisionnement de la Grande Bretagne avec une armée de sous-marins. A la pointe de la technologie de cryptage, ils communiquent avec des messages codés dont les codes changent tous les jours à minuit grâce à une machine électromécanique nommée Enigma.

Churchill réunit dans le plus grand secret une armée de cruciverbistes et cryptanalystes à Bletchley Park, au nord de Londres, pour décrypter, d’abord manuellement, les messages codés des nazis. Alan est de la partie et il va en quelques mois concevoir une méthode et construire une machine (The Bomb) capable de décrypter les messages d’Enigma en 20 minutes. L’Angleterre est désormais capable d’échapper aux meutes de sou-.marins U-Boat et tout le monde s’accorde aujourd’hui pour dire que cela a sauvé des millions de vies et raccourci la deuxième guerre mondiale de 2 ans.

A la fin de la guerre, les russes ayant capturé la technologie allemande de cryptage, les alliés décidèrent de ne pas divulguer ce qui s’est passé à Bletchley Park afin de garder un avantage stratégique pour la guerre froide qui pointait son nez.
Il a fallu attendre 1970, 16 ans après la mort d’Alan, pour que cette histoire devienne publique.

Après la guerre, Alan Turing retourne aux USA et participe à un projet de décryptage de la voix humaine. De retour en Angleterre il suit des cours de Biologie à l’Université de Cambridge, publie des textes fondateurs sur la morphogenèse et devient professeur à l’Université de Manchester ou il pose les bases de l’intelligence artificielle.

Alan ne cachait pas son orientation sexuelle. En 1952 il déclare un vol dans sa maison probablement perpétré par un de ses amants. Tous deux sont alors inculpés « d’indécence manifeste et de perversions sexuelles ». Alan doit choisir entre la prison et la castration chimique. Il choisit, malgré les effets secondaires, le traitement pour pouvoir continuer à étudier mais il perd son emploi et est très vite écarté des plus grands projets scientifiques.

Il se suicide en 1954 et il faudra attendre 2009 pour que le premier ministre de l’époque, Gordon Brown, prononce des excuses officielles et 2013 pour que la reine Elisabeth signe un acte de clémence pour Alan et toutes les personnes condamnées pour les mêmes motifs.
Peu à peu ses nombreuses contributions à l’Histoire et à l’informatique sont révélées et reconnues.

En 2019 il figure sur les billets de 50 pounds et il est déclaré personnalité britannique du 20ème siècle

Alan Turing ce génie poly talentueux n’a pas eu de chance de son vivant.
Des milliers de post ou des livres racontent son histoire si vous voulez aller plus loin que ces quelques lignes. Souvenez vous de lui lorsque vous utilisez une IA ou un CAPTCHA.